EXPOSITIONS
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Laura Nillni, Melah 4 et Melah 1, 2020 |
MELAH
« Écoute, Poséidon aux cheveux bleus, maître des terres ! Si je suis vraiment ton fils, toi qui prétends m’avoir fait, empêche de rentrer chez lui cet Ulysse, Fléau des villes ! »Odyssée, IX, 528-530
Laura Nillni, Melah, acrylique et crayons de couleur sur bois, 20 x 60 cm, 2020
Les lignes habitent l’espace comme les vagues la mer. Elles s’assouplissent au gré de la main et s’achèvent dans l’au-delà du dessin, dans l’imagination du regard. Circonvolutions aux accents de spirales, cercles concentriques, tous s’inscrivent dans l’immensité d’un blanc où transparaissent des formes sœurs. Incisif ou chargé, le trait cisèle, cerne, engendre la couleur. Tandis que l’esprit l’épouse et que le mouvement s’en empare. En hébreu, Melah veut dire « sel », mais aussi « disparaître, s’évanouir ». Le sel évoque la mer. Le bleu la Méditerranée. L’œil se souvient alors de dessins plus anciens réalisés sur plusieurs feuilles de papier calque superposées. L’œuvre s’auto-engendre et se renouvelle dans un même élan. Laura Nillni n’abandonne jamais un dessin. Jamais, il n’atterrit dans la corbeille. Ainsi en va-t-il pour l’ensemble de son travail. Qu’une installation soit éphémère, ses pièces s’exprimeront plus tard et différemment. Qu’une chute de papier n’ait pas été utilisée, ce n’est que partie remise. Dans l’atelier, rien ne laisse l’artiste en paix. Tout infuse. C’est ici qu’elle crée, la porte ouverte sur le jardin. Celle qui ne se souvient pas d’une vie avant le dessin développe une œuvre indissociable de ses supports. Depuis les papiers d’emballage investis lorsqu’elle était enfant, Laura Nillni a exploré tant le textile que le bois, le papier ou la vidéo, poursuivant des séries à jamais ouvertes. Car pour elle, tout aboutissement n’est que prétexte à un approfondissement de la recherche.
Au mur, les ondes colorées animent différents formats comme autant de fragments d’une composition plus grande dont l’élément premier serait le cercle. Figure naturellement présente dans la nature, il exprime la vie et engendre l’évocation du sel qui, durant des millénaires, fut un bien exemplaire. Ce sel qui donnait du goût et conservait les aliments était l’objet d’une attention particulière. Les textes anciens rapportent que ses qualités s’étendaient au domaine des contrats, qu’ils aient partie liée à l’ordinaire ou à la spiritualité. Le sel entrait dans la composition de l’encens utilisé au Temple de Jérusalem, servait à frictionner les enfants dès leur naissance, exprimait l’alliance perpétuelle des hommes avec leur Dieu. Homère le qualifie lui aussi de divin. Et Grecs comme Romains firent de son usage un signe de civilisation sans jamais omettre que s’il était associé à la vie il ne pouvait s’affranchir de la mort. Le sel devenait alors signe de stérilité, voire de malédiction. La femme de Loth en fit les frais. Avec Melah, Laura Nillni éprouve cette dualité féconde. La blancheur translucide du voile, qui apaise et tient à distance, ne peut lutter contre la vigueur expressive des lignes courbes et bleues. Le dessin qui s’efface sert de substrat à celui qui s’impose au regard comme un événement oublié vient nourrir un récit.
S’il est vrai que l’artiste a vécu au bord de la Méditerranée, qu’elle parle l’hébreu couramment, qu’elle travaille actuellement à un opéra en lien avec la tragédie grecque – du compositeur Ricardo Nillni, son époux – et qu’elle s’intéresse depuis toujours à la mythologie, il ne faut pas oublier que sa préoccupation essentielle est l’exploration plastique et esthétique à laquelle elle s’adonne sans compter. Aventure nourrie par la proximité des œuvres qu’elles soient littéraires, musicales, picturales ou autres. Elle se souvient d’ailleurs avec émotion de la profondeur de l’écriture de Borges comme de la transparence de certaines toiles de Cy Twombly. Il y a dans ses nouveaux dessins sur bois le renouvellement de son goût pour cette matière, exprimé dès le début des années 1990, notamment avec les toupies. Mais le bois, qui jusqu’à présent était lié aux formes angulaires induisant la maîtrise de l’homme sur son environnement, est désormais associé au cycle de la vie qui unit et réunit tous les êtres. Il n’est plus peint uniformément et sans équivoque – l’effacement des couleurs et leur réalité n’apparaissant qu’au moment présumé de la mise en rotation de l’objet – mais s’affirme à la surface de la peinture, comme une trace. L’artiste allant jusqu’à le creuser ou jouer avec ses imperfections. Le mouvement naît alors de cette friction entre les différentes matières, en même temps que point une lumière sourde, dissimulatrice et révélatrice du dessin. « J’aime voir à travers, qu’une chose nous en fasse observer une autre et ainsi de suite », explique Laura Nillni. Avec le blanc comme exhausteur de forme, Melah invite à penser ce qui dans la vie est sel.
Marie-Laure Desjardins
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Laura NILLNI Bifurcation 2020 |
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Laura NILLNI Triptyque 2020 .................................................... |
YIA ART FAIR 2019
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Laura & Ricardo NILLNI Fulcrum (2019) Partitions dessinées au crayon couleur sur calque, branche, haut parleur sans fil |
Exposition GEOMETRIE SPATIALE
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Laura NILLNI crayon couleur sur feuilles de calque 2018 |
Alain LE BOUCHER – Julio LE PARC – Sébastien MEHAL –
Jean-Claude MEYNARD – François MORELLET – Laura NILLNI –
Francisco SOBRINO – Joël STEIN
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Laura NILLNI (2018) Spécimens acrylique et encre sur livres en papier calque cousus sur plexiglas Exposition "Les chimères du Colectivo" |
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OBJECTIFY
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Laura Nillni vue de l'exposition Objectify "La danse du caméléon" Maquettes, acrylique sur bois 2012 |
MUSIQUE À VOIR - LAAC
MUSÉES / DUNKERQUE
29 avril - 17 septembre 2017
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SOL (détail) Laura et Ricardo NILLNI 2017 |
SOL
-Hommage à Sol LeWitt-
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Laura NILLNI
"No sé cuantas estrellas" (45 x 55cm)
mine de plomb et crayon sur calque plié
2016
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ArtWynwood2017
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Laura NILLNI
"No sé cuantas estrellas" (75x 55cm)
mine de plomb et crayon sur calque plié
2016
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Laura Nillni, Pia Myrvold, Milcho,
Sun Mi Kim, Keren, Sabre Esler,
Irène Dubrovsky, Susanne Petterson Bergman
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Laura NILLNI "No sé cuantas estrellas" (100 x 50 cm) mine de plomb et crayon sur calque plié 2016 |
Du au
Maison de l’Argentine, Cité Universitaire, Paris
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vues de l'exposition |
Galerie Lélia Mordoch
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Au loin: Miguel Chevalier A gauche: François Morellet A droite: "Bridge over trouble water" Laura et Ricardo Nillni (2016) |
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"Bridge over trouble water" Laura et Ricardo Nillni (2016) |
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"Bridge over trouble water" Laura et Ricardo Nillni (2016) |
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"Bridge over trouble water" Laura et Ricardo Nillni (2016) - capture d'écran- 2016
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"Bridge over trouble water" Laura et Ricardo Nillni (2016) - capture d'écran- 2016
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"Bridge over trouble water" Laura et Ricardo Nillni (2016) - capture d'écran- 2016
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Du 10 décembre 2015 au 23 janvier 2016
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Vues de l'exposition |
du 30 juin au 17 juillet 2015
Galerie Lélia Mordoch - Second Space - 17, rue des Grands Augustins 75006 Paris
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Laura NILLNI "Remplir de Plis" (2015) Affiche sur panneau recto-verso 120 x 80 cm LaGaleru des chemins Fontenay-sous-Bois |
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Laura NILLNI "Remplir de Plis" (2015) Affiche sur panneau recto-verso 120 x 80 cm LaGaleru des chemins Fontenay-sous-Bois |
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Laura NILLNI
"Remplir de Plis"
Installation
Crayon et graphite sur papier, acrylique sur bois,
charnières en acier, vidéo sur iPad
2015
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Laura NILLNI "Quatorze c'est l'infini" 2014 "Babel" 2013 |
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vernissage le jeudi 22 mai dans le cadre d'Art Saint Germain des Prés
du 22 au 25 mai
Dans les années 90, Laura Nillni, fraîchement arrivée en France, fabriquait des “caza-luz”, des maisons de lumière, petits théâtres colorés qu’on eût dit de bois précieux et qui se disaient boîtes à musique. C’étaient des caisses de résonances temporelles, des lieux où se jouait le souvenir. Depuis l’an 2000, Laura et Ricardo Nillni réalisent des vidéos à quatre mains, ils se sont connus étudiants à Buenos Aires, se sont mariés, ils s’aiment, il est compositeur, elle est plasticienne, ils n’unissent leurs talents que pour le meilleur.
« Le mal qui foudroie en plein bonheur », « Eloge de l’ombre », « Blossoms », « Là où je ne suis plus », que vous pouvez voir sur Youtube, sont autant de vidéo-poèmes où la musique coule en image. Quoi de plus naturel que de leur construire une maison, que de les enchâsser dans une sculpture où elles peuvent se reconnaître ? Laura Nillni est une grande coloriste. Elle est passée par le blanc du pastel au vif de la couleur, elle peint ses sculptures de bois de motifs géométriques avec une grande prédilection pour le carré et le labyrinthe, en référence à Jorge Luis Borges. Laura Nillni est fascinée par l’oeuvre de Borges, par son rapport au temps, au livre et à l’espace, par son écriture du monde. Elle le cite très souvent dans son oeuvre. Elle baptise une de ses expositions du début d’une de ses nouvelles, « Le jardin aux sentiers qui bifurquent… », et c’est comme si elle sculptait l’esprit de ses mots. La « Danse du Caméléon », c’est l’histoire de la toupie qui sort du cadre. Elle prend son élan et danse jusqu’à ce que dans son sommeil se mélangent les couleurs. Le sommeil de la toupie, c’est le moment où elle trouve son équilibre, l’extase du derviche tourneur, l’être se dissout dans l’Etre, elle pourrait tourner pour toujours. Mais la toupie se frotte à la résistance de la réalité, perd peu à peu de sa vitesse, se réveille et s’arrête pour se reposer tranquillement sur son axe et retrouver ses couleurs. A Hanoucca où il est question de là et d’ailleurs, le temps n’était-il pas suspendu comme une toupie endormie pour que l’huile d’une nuit puisse brûler huit jours ? Lélia Mordoch |
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Laura NILLNI
La Bibliothèque de Babel
avec le soutien de la Ville d'Orsay
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"La danse du caméléon" Laura NILLNI 2012 (détail) |
"La danse du caméléon" Laura NILLNI 2012 |
"La danse du caméléon" Laura NILLNI 2012 |
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La fuite du caméléon Laura NILLNI 2012 |
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Laura Nillni "et pourtant elles (ils) tournent" |
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Laura Nillni "et pourtant elles (ils) tournent" |
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Laura Nillni "et pourtant elles (ils) tournent" |
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Laura Nillni "et pourtant elles (ils) tournent" |
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Laura Nillni "et pourtant elles (ils) tournent" |
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Laura Nillni "et pourtant elles (ils) tournent" |
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Laura Nillni "et pourtant elles (ils) tournent" |
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Laura Nillni "la danse du caméléon" 2012 |
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Laura Nillni "la danse du caméléon" 2012 |
"RACINES CARRÉES" Laura NILLNI (2008) |
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"RACINES CARRÉES" (Labyrinthes au fond) Laura NILLNI (2008) |
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"Je n'ai rien à mettre" sculpture vidéo Vidéo: Laura et Ricardo NILLNI (2009) |